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Deuxième Nav' : Hyères - Calvi, part 1


J'ai eu le temps de prendre une douche et nous larguons les amarres à 9h. Je fais une photo depuis notre emplacement. La nuit supplémentaire nous a obligés à changer de place dans le port. Nous sommes à l'opposé, dans un recoin plus calme, à l'écart des brasseries et du défilé incessant des promeneurs qui sont de plus en plus bruyants au fur et à mesure que la nuit avance, révélant leur état d'ébriété. Je devrais me sentir reposé après une nuit calme mais ce n'est pas le cas ! L'intention de nous coucher tôt la veille était pourtant bien là mais c'était sans compter une fuite soudaine du vase d'expansion de pétrole de la cuisinière. C'est un réservoir cylindrique en cuivre qui contient le pétrole et que nous devons mettre sous pression à l'aide d'une pompe de type pompe à vélo, afin que le pétrole alimente les brûleurs. Il doit avoir une quarantaine d'années et a déjà été rafistolé à plusieurs endroits. Boris et Loup étaient de cuisine ce soir là.

Ils ont mis 2 bars de pression dans le réservoir...

sachant qu'un seul est nécessaire au fonctionnement de la cuisinière. Le repas du soir s'est déroulé normalement et, la table débarrassée, je m'apprête à aller aux douches du port quand nous entendons une sorte de ploc ! Ou de plic peut être, suivi d'un bruit de tout petit pipi continu. Je tourne la tête et vois du pétrole se répandre sur le plancher au pied du prototype de cuisinière conçu dans les années 70 par M. Serge Etienne.


Je m'avance, ouvre le capot qui protège le réservoir et découvre un petit geyser projetant du pétrole sur bien 1m au pied d'escalier de la descente... La soirée douche et au lit avant la traversée devient « démonte ta cuisinière et bouche le trou au tissu de verre et résine polyester, pendant que Boris cuit le casse-croûte de la traversée de demain sur son réchaud de camping ». Résultat des courses : coucher à 1h 30 dans les vapeurs de résine car évidemment la pluie était aussi de la partie, nous contraignant à œuvrer dans le bateau...


Bref, le 19 août à 9H, la cuisinière fonctionne, j'ai pu prendre une douche et nous prenons la mer par 10/ 15 nœuds de Nord Ouest qui nous poussent à plus de 5 nœuds vers la pointe Est de l'île du Levant. Il y a un grand frais en cours au sud d'Est provence. 30 à 40 nœuds établis, du golfe du Lion, jusqu'à Toulon, le couloir de vent se prolonge vers le SE jusqu'aux bouches de Bonifaccio. Notre stratégie est de tirer plein Est depuis Hyères pour éviter le grand frais par le nord et puis piquer vers l'Est Sud Est pour toucher Calvi en serrant la zone ligure au plus près. La météo annonce 16 nœuds en rafales et une houle à 1m80, le tout au portant. La mer reste belle à l'abri des îles d'Hyères ; on dit belle pour dire une houle non significative, mais vers 15H, quelques miles après avoir passé la pointe Est de l'Île du Levant et abordé le grand large, une houle haute et ample s'établit. Certaines crêtes semblent faire plus de 2m, et leur amplitude large pousse Savitri avec souplesse. Le vent de Sud Ouest à 13/15 nœuds cumulé à la houle nous pousse à presque 6 nœuds.

L'après-midi se déroule ainsi, empreinte d'une joie tranquille. Nous déballons la tomme d'Ardèche et les deux picodons offerts par Christian, un régal. Le repas du soir voit l'épaule d'agneau disparaître... Strada gagne un nonos, elle aussi aura eu sa part. Le soleil tombant sur la mer, alors qu'on ne distingue presque plus la côte et pas encore la Corse, ne nous laisse qu'un seul regret ; celui de n'avoir pas eu la visite des dauphins, ce que nous attendons tous depuis le départ.


Cette fois, nous avons pris soin de répartir les quarts de nuit. Boris prendra le premier à 22h jusqu'à minuit. Puis Isis de minuit à 2h, et je prendrai le 2h/ 4h en me disant que je pousserai sans doute jusqu'à 5H pour laisser l'aube se présenter. ; On est toujours plus tranquille de jour... Et puis il y a la préparation de la navigation de nuit. Je n'ai pas goûté à ce rituel depuis la dernière traversée avec Sayonara et je me délecte de chaque action ; descendre au carré, relever la position, le cap, les reporter au livre de bord, enclencher les feux de navigation, remonter sur le pont pour vérifier leur fonctionnement, vérifier aussi le feu de pont pour les manœuvres de nuit éventuelles. Revoir le réglage des voiles, vérifier les prises de ris, préparer sa veste de quart, mettre un peu d'ordre.

La fin du jour en pleine mer exhale une atmosphère toute particulière, à la fois ouatée et pressante qui nous resserre sur le petit périmètre du bateau autant que sur nous-mêmes. On se sent très petit, et très vivant. Infiniment proche de son essence, et, à voir le soleil plongeant dans la mer et les dernières lueurs s'éteindre lentement, on perçoit l'idée d'une promesse insaisissable. Quelque chose comme la promesse de son retour à l'Est pareil à lui-même, dans un demain que l'obscurité empêche de voir, et que sans doute nous serons là, et que sans doute, nous, nous serons différents.







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2 Comments

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Unknown member
Sep 07, 2022

Salut les copains

c'est toujours un plaisir de vous lire même malgré le décalage horaire ... Profitez bien . Des bises

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Unknown member
Sep 07, 2022
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Coucou les copains!!! C'est clair que le décalage horaire nous poursuit !!! On a du mal à tout tenir de front mais on lâche rien! Merci de nous suivre, bisous les copains !!

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